Bienvenue dans ce nouvel épisode de « Tendez l’oreille » consacré à la relation entre la musique et l’appareillage auditif
S’il y a une activité pour laquelle l’audition est un sens primordial, c’est bien l’écoute de la musique.
Pour certains musiciens, dès qu’ils commencent à sentir une baisse de l’audition, ils ont très peur de faire la démarche de se faire appareiller, tout simplement parce que le son est primordial pour eux. Ils ont peur que l’on transforme la sonorité du son et qu’ils n’aient plus leurs repères. C’est pour cela, que ce sont des gens très exigeants pour nous au niveau du réglage des appareils, et les fabricants travaillent énormément aujourd’hui, sur l’écoute de la musique-plaisir. Ils travaillent énormément sur cela, parce qu’ils se sont rendus compte que c’était très important pour les gens.
Aujourd’hui, pour nous en parler, j’ai invité Philippe. Philippe est un grand choriste et donc, il va pouvoir nous apporter son témoignage.
- Isabelle
Bonjour Philippe.
- Philippe
Bonjour Isabelle.
- Isabelle
Vous êtes musicien depuis longtemps, et pouvez-vous nous expliquer comment vous avez ressenti les premières gênes auditives, et qu’est-ce que vous avez fait ?
- Philippe
Alors effectivement, je fais de la musique depuis très longtemps, je dirai même une bonne cinquantaine d’années. J’ai commencé au conservatoire, en classe d’alto, et je chantais déjà. J’ai chanté dans des ensembles vocaux assez renommés, comme Philippe CAILLARD, qui a fait une trentaine de disques, et j’ai effectivement ressenti, il y a déjà quelques années, une gêne au niveau de l’audition, notamment lorsque j’entendais le chef, je ne comprenais pas tout ce qu’il disait, ce qui est quand même un petit peu gênant.
Et, très vite, effectivement, il faisait des plaisanteries, les gens riaient, et je me rendais compte que moi, je ne comprenais pas. J’étais sans arrêt obligé de demander à mon voisin « Qu’est-ce qu’il a dit ? », donc c’était quand même effectivement, très très pénalisant.
À la suite de cela, je suis effectivement venu vous voir, on a fait connaissance et j’ai été appareillé.
- Isabelle
Voilà. Vous avez été appareillé à peu près depuis un an, comment vous avez ressenti les choses, quelles ont été les étapes pour vous ?
- Philippe
Alors comme vous le disiez au début, effectivement, il y a une réticence au départ, parce qu’on a un petit peu peur que le son change et que ça amène des distorsions au niveau sonore. C’est vrai que cela modifie un petit peu le son, mais on se rend compte très rapidement qu’il y a une adaptation qui se fait et alors, j’ai essayé plusieurs types d’appareils effectivement.
Dans un premier temps, vous m’aviez fourni des intra. Je les ai essayés pendant un mois, ça n’a pas fonctionné parce que j’avais un effet de bouchon qui me gênait, et donc on est passé ensuite à un autre système d’appareillage…
- Isabelle
De micro-contours, d’appareillage derrière l’oreille…
- Philippe
De micro-contours, voilà. Et cela m’a donné satisfaction relativement rapidement. Alors, il y a eu une période d’adaptation c’est vrai, mais qui a été relativement rapide quand même. Je dois dire, que cela ne m’a pas trop gêné.
- Isabelle
C’est important cela, de bien comprendre que les choses évoluent avec le temps et c’est vrai qu’on propose un premier réglage. Et petit à petit, en fonction du retour des gens, on peut adapter de manière à s’adapter au mieux à votre environnement sonore et à votre situation de vie.
- Philippe
Oui tout à fait. Et puis là, maintenant, j’avoue que j’ai du mal à m’en passer. Et si je m’en passe ou si je les oublie, ma femme n’hésite pas à me rappeler que je ne les ai pas, car elle s’en rend très vite compte.
- Isabelle
D’accord. Alors diriez-vous que l’appareillage auditif est compatible avec la musique ?
- Philippe
Oui, tout à fait. C’est tout à fait compatible. Alors, il y a des réglages à faire, c’est certain. Je suis venu vous voir plusieurs fois : des réglages d’aigus, des réglages un petit peu pointus, et à la suite de cela, on arrive à trouver un modus vivendi qui donne satisfaction.
- Isabelle
Est-ce que vous pouvez nous expliquer comment vous ressentez la qualité de son avec les aides auditives ?
- Philippe
Auparavant, j’avais l’impression d’avoir une perception relativement cotonneuse, quelque chose d’englué, de lointain. Actuellement, j’ai une perception qui est beaucoup plus précise, à savoir, notamment, dans les pianissimo, dans les écoutes par exemple du grain du violon, on entend vraiment les cordes. Je pourrais peut-être faire un comparatif avec le vinyle et puis le CD par exemple.
J’avais peut-être une perception telle qu’elle était, avec une écoute de CD au départ, entre autres, c’était relativement plat. Actuellement, j’aurais tendance à dire que je serais plutôt dans une perception du vinyle, c’est-à-dire avec une profondeur de son, et un côté plus pointu, plus précis.
- Isabelle
Très bien. Merci Philippe pour ce témoignage.
Donc comme vous pouvez le constater, les aides auditives ont énormément évolué, et maintenant s’adaptent de mieux en mieux à l’environnement sonore dans lequel vous pouvez être. C’est important de nous l’expliquer pour que l’on puisse choisir le meilleur appareillage possible.
Une autre chose pour les musiciens : protéger vos oreilles. Vos oreilles sont quelque chose d’important pour vous, et pour tout le monde d’ailleurs, et c’est très important de pouvoir les protéger. Si on ne peut pas baisser le niveau sonore, il faut savoir que maintenant, il existe des protections auditives, et des protections spécifiques pour les différents environnements sonores, dont principalement des protections pour les musiciens, qui permettent une atténuation linéaire pour pouvoir profiter pleinement de l’écoute de sa musique.
Merci de nous avoir écoutés pour ce nouvel épisode de « Tendez l’oreille ».
Très belle journée à vous.
Merci d’avoir suivi cette interview et à bientôt pour un prochain épisode de « Tendez l’oreille » !